Qu’est-ce qu’un « rapport PIWIS » et comment l’interpréter ?

Le rapport PIWIS

En général, quand on me demande d’éplucher le dossier d’une Porsche depuis 1998, il est évident qu’on attend une validation de ces fameuses plages moteur, chiffres un peu ésotériques pour le néophyte, prêt à leur donner une signification quasi-mystique. Bien souvent, le « test PIWI OK » (importante, la faute sur le mot PIWIS !) consiste en une feuille remise au propriétaire qui considère alors que son auto a réussi un quelconque test ! Sur la base de l’existence même de cette feuille, et bien souvent sans la moindre explication fournie par l’atelier qui a facturé ce relevé, le vendeur annonce fièrement « test PIWI OK ».

Voici pourquoi cette expression ne signifie rien :

  1. il ne s’agit pas d’un test que l’on fait passer à l’auto, ce ne sont que des valeurs que l’on relève dans la gestion moteur DME. Ce boîtier (Bosch Motronic ou Siemens SDI) contient des « mouchards » qui comptent le nombre d’impulsions (allumages) à un régime de rotation donné, et les regroupent par plages (1 et 2 sur 986/996, puis de 1 à 6 sur les générations suivantes) en indiquant la valeur du compteur horaire lors du dernier événement.
  2. il n’y a jamais eu de PIWI chez Porsche, mais des KTS301, des PST2, des PIWIS Tester, des PIWIS Tester II et désormais le PIWIS Tester III. Ajoutons à cela que les valeurs sont très rarement relevées avec un outil Porsche officiel, mais plus souvent avec un outil Durametric ou ses nombreuses copies d’origine chinoise.
  3. qu’est-ce qu’un test PIWIS OK ? et un test pas OK ? Tout dépend de ce que l’on se fixe comme critères : durée globale des sur-régimes, ancienneté du dernier événement significatif.

Le contrôle PIWIS

Lors d’un contrôle PIWIS, voici le détail de ce que l’on trouve dans un boîtier DME, dans la section « Données véhicule » ou « Données moteur » :

  • le nombre d’heures de fonctionnement du moteur qui permet de déduire une vitesse moyenne en cohérence avec le kilométrage indiqué au compteur
  • le nombre d’impulsions au-delà de certains régimes moteur : plage 1 = 1 impulsion au régime du rupteur, plage 2 (986/996) et suivantes (987/997) = 1 impulsion à des régimes supérieurs au rupteur. On y trouve aussi le nombre d’heures de fonctionnement lors de la dernière impulsion dans cette plage.

Les impulsions sont des allumages, soit 1 tour de moteur toutes les 3 impulsions (6 cylindres à 4 temps). L’heure indiquée en face est la valeur du compteur horaire DME lors du dernier événement enregistré (et non pas le nombre d’heures passées depuis le dernier enregistrement, comme certains vendeurs voudraient le faire croire). Une fois que l’on a ces valeurs, ce qui va compter est de les mettre en perspective pour bien déterminer la durée globale des événements, leur gravité, ainsi que le temps écoulé depuis le dernier, pour chacune des plages. C’est ce que je réalise systématiquement afin de « faire parler » les chiffres et d’isoler les informations pertinentes.

Beaucoup estiment qu’une auto de sport est faite pour être menée sportivement et que ces valeurs sont inutiles sur une auto plaisir. Il faut savoir qu’un moteur à combustion interne propose beaucoup moins de couple à l’approche de son régime maximum et qu’atteindre 7400 tr/min n’apporte aucun gain en performance ni en agrément. Puisque les plages ne s’enregistrent qu’à partir du régime du rupteur, ce système n’empêchera jamais le conducteur de profiter de toute la plage d’utilisation de son moteur, mais enregistrera tout dépassement du régime maximum prévu par le constructeur. Aucune privation n’est à craindre pour les conducteurs qui veulent profiter de tout le potentiel de leur moteur.

Les infos dans le DME ne sont pas vitales, mais peuvent confirmer une impression. Il s’agit donc ni plus ni moins de mouchards, qui peuvent parfois se tromper, et qui peuvent renseigner sur la façon dont le moteur a été utilisé, et à quelle période. Rien de plus. D’ailleurs, les plages relevées sont stockées par un calculateur. Si le moteur a été changé, les plages enregistrées sur le précédent moteur seront toujours présentes. Et si le calculateur a été changé (ce qui arrive régulièrement), on n’a alors aucune trace des plages du moteur enregistrées par le calculateur précédent. De quoi relativiser ces informations !

Le contrôle des plages et heures moteur est fourni dans le cas d’un examen de véhicule (accompagnement à l’achat) et également en préparation à la vente. Consultez la page Prestations pour tout savoir.

Article publié le 10 octobre 2020

Dernière mise à jours : 18 mars 2022

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